jeudi 22 janvier 2015

SAUVONS LES DERNIERS RESCAPES DE LA DESTRUCTION MASSIVE DE LA FORET D’ANKAZOMIVADY


La forêt primaire d’Ankazomivady  près de Ambositra et ses lémuriens sont en voie de disparition.




La forêt d’Ankazomivady se trouve à cheval entre les communes rurales d’Ambalamakana et d’Ambatofitorahana, dans le district d’Ambositra situé dans la  région d’Amoron’i Mania. Cette forêt a la particularité d’être l’une des dernières forêts naturelle des Hauts-plateaux et la première que l’on peut rencontrer en allant vers le Sud à partir d’Antananarivo. L’inventaire effectué par l’équipe de l’ESSA-Forêts avant 2003 a permis d’identifier 3 espèces de lémuriens dont une diurne, Eulemur fulvus rufus et deux nocturnes, Microcebus rufus et Cheirogaleus major. C’est une forêt naturelle dense humide de haute altitude qui avait une surface de 1600 ha en 2006 lors du transfert de gestion entre l’Administration forestière et le VOI (association villageoise) Lovantsikaniala qui s’était engagé à gérer cette forêt d’une manière durable. La problématique de cette forêt est déjà à l’époque , la coupe, la fabrication de charbon de bois illicite ainsi que le défrichement et le « tavy » (feux de brousse). La dégradation progressive du milieu naturel est déjà à un stade avancé et a pour cause principale la faiblesse du niveau de vie de la population riveraine et le faible développement économique des zones périphériques. La disparition totale de cette forêt entrainera un manque de ressources en bois et en médecine locale, accentuera la sécheresse qui augmente chaque année et sera une perte de plus pour la biodiversité. 


La pression avait diminué jusqu’en 2009 mais sans doute dû à l’instabilité politique grandissante, cette forêt est en proie à un véritable saccage organisé car, établi bien au cœur de la forêt et donc difficilement visible de la nationale 7 qui la borde. Environ 50 personnes y coupent du bois. A Ambalamanakana, les sacs de charbon de bois trônent toujours le long de la route et à Ambafitorahana le charbon est stocké dans des hangars. Des camions viennent chercher le bois de charpente  et le charbon sur place en lisière de forêt et dans les différents villages. Avec quelle autorisation de transport ? Des personnes participants au déboisement se font arrêter mais sont très rapidement relâchées sans conséquences notables.  








En juillet 2011, rencontre fortuite à la foire Ecobio de Colmar, de Philippe Desbrosses propriétaire de la ferme- pilote bio Sainte-Marthe. Il y présente un film sur la riziculture intensive (SRI) à Madagascar. Methode développée en 1983- 1984 à Antsirabé par Le père Henri De Lalaunié, Jésuite et ingénieur agronome français. L’association Tefy Saina qu’il a crée, lutte pour améliorer la condition de vie des paysans. Pour le père De Lalaunié le SRI est un patrimoine de l’humanité. Cette méthode permet de quintupler la récolte sans engrais, pesticides ou semences améliorées et avec 100 fois moins d’eau et 10 fois moins de semences. Cette découverte montre que le riz n’est pas une plante aquatique : privée d’eau au stade du tallage, il produit bien plus de tiges. Au Cambodge, 100 000 riziculteurs travaillent selon cette technique, soutenue par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) comme l’une des voies de la lutte contre la pauvreté.

En octobre 2011, nous avons cherché et difficilement trouvé Monsieur Edmond, le Président de Tefy Saina qui gère un champ école dans la région d’Ambalamanakana. Il y enseigne la riziculture intensive SRI, le compostage et la gestion de temps et d’argent.
Nous y avons financé la formation de 7 paysans volontaires, représentants de chaque Fokontany afin qu’ils pratiquent et transmettent à d’autres cet enseignement.

En avril 2012, constatant les énormes dégâts dans la forêt, nous avons lancé une demande urgente d’aide à la protection auprès des autorités locales, Service des Eaux et Forêts et Mairies des 2 villages concernés. Immédiatement des réunions ont eu lieu avec les différentes instances et le VOI. Tout le monde déplorait la situation qui n’était apparemment pas maitrisable. Nous avons contacté l’ONG Conservation International à Tananarive pour de l’aide financière et des conseils. Ils nous ont transmis un mémoire datant de 2003 « Contribution au Développement de l’Ecotourisme à Ankazomivady » écrit par une jeune étudiante. A l’époque l’ONG voulait inclure le site dans le

« corridor » qui est sous leur protection mais le VOI a voulu s’occuper lui même de la gestion de cette forêt. Nous avons contacté l’ONG WWF qui nous a promis d’écrire un article sur la problématique et de nous procurer des semences pour les paysans. Mais leurs budgets respectifs ne leurs permettait pas de nous aider financièrement. Nous avons pu observer des lémuriens captifs chez des habitants des deux communes, chose interdite par la loi mais méconnue en grande partie et non appliquée. 


En mai 2012, afin que le VOI dont le contrat expirait en 2009 retrouve son plein pouvoir officiel au plus vite, ceci sur les conseils du Service des Eaux et Forêts, nous avons supporté les frais d’évaluation, d’inventaire, d’élaboration et de ritualisation du transfert de gestion où toutes les autorités de la région ont assisté. Le VOI et nous même souhaitons en faire un site éco touristique sur le modèle d’Anja afin de  mettre tout en œuvre pour sa protection. Mais faute de moyens suffisants pour une surveillance constante, le trafic, un peu en baisse d’après les autorités, continue et les fumeroles des fours à charbons sont toujours visibles dans toutes les parties de la forêt même le jour de la signature

Signature du transfert de gestion du VOI

Ritualisation



En septembre 2012, après dépôt d’un dossier dans leurs bureaux dans le Var, nous obtenons gracieusement de Kokopelli 750 g de semences potagères très variées et anciennes et des fiches techniques pour les reproduire.

Debut octobre 2012, en représailles à ces mesures de protection et de contrôle, le Président du VOI, Louis a été sérieusement menacé de mort à son domicile, et une centaine de feux ont été volontairement allumés à différents endroits surtout du côté d’Ambalamakana. La population des deux villages, même les femmes, s’est battue pendant des journées entières contre les flammes, mais vu le nombre de foyers et le peu de moyens, les dégâts sont énormes. Des personnes ont soufferts de brûlures et de suffoquements. Un quart de la forêt a ainsi disparu et ceci surtout du côté d’Ambalamanakana où l’exploitation était la plus forte . Les lémuriens ont essayés de se sauver en traversant la route, totalement égarés car les feux étaient partout. Des rescapés se sont réfugiés dans une autre partie de la forêt,  mais ils ont eu du mal à se faire accepter. Il y a eu beaucoup de bagarres entre lémuriens puis les choses se sont calmées. Le VOI est obligé d’engager deux gardes du corps Jamaha pour la sécurité des responsables et pour mieux faire respecter la loi lors des inspections en forêt. Peu de temps après le Président de Tefy Saina perd sa maison prise par les flammes de « Tavy ». Il se retrouve à vivre dans une tente pendant des mois et a tout perdu de ce qu’elle contenait surtout son matériel pédagogique.

15 octobre 2012, entretient avec Dr Brice Lefaux Directeur du ZOO de Mulhouse France, pour demander des conseils et de l’aide à la protection des lémuriens. Le Zoo de Mulhouse est membre du Groupe d’Etude et de Recherche sur les Primates de Madagascar (GERP) et abrite la plus grande collection de lémuriens d’Europe. I’Association Européenne des Zoos et Aquariums (EAZA) participe à la protection du sifaka couronné Propithecus coronatus  ( sur la liste rouge) dans la région de Majunga à Madagascar.

Mi octobre 2012, malgré les mauvaises nouvelles concernant la destruction par le feu d’une partie de la forêt, nous déposons au Tribunal d’Instance de Mulhouse nos statuts pour l’inscription de l’association Tantelygasy (miel malgache). Association crée dans le but de protéger cette forêt et ses lémuriens et d’aider les petits paysans et petits apiculteurs à Madagascar.


Après les feux






Le 11 novembre 2012, nous rencontrons la responsable WWF Madame Fara  de la région qui nous remet 50 sachets de semences potagères à distribuer dans les deux communes. Elle nous propose son aide technique pour le reboisement de la forêt détruite. De suite nous organisons une  rencontre avec le Président de Tefy Saina et le président du VOI pour discuter de la façon dont nous allons distribuer les semences.  
Journée d'information et de Partage



Suite à cela, nous démarrons une campagne de sensibilisation et de conscientisation sous forme de « journées de partage ». Le thème de l’enseignement est axé sur l’environnement et son impact sur le climat. Les gens se plaignent de récolter de moins en moins sur leurs terres car le sol s’appauvrit. Nous proposons des initiations au compostage. Comme c’est la saison, nous distribuons des semences de courges accompagnées d’une notice explicative pour reproduire des graines. Nous continuons les réunions avec le maire d’ Ambafitorahana, le maire d’Ambalamanakana n’est pas disponible, le Président du VOI et le Président de Tefy Saina, afin de trouver d’autres alternatives au bûcheronnage pour les habitants des deux communes. Le maire d’Ambafitorahana va mettre en place un jour de marché par semaine où l’on vendra des porcs pour axer la population sur l’élevage plutôt que la production de charbon de bois. Notre campagne courge sera la bienvenue pour nourrir aussi les cochons. 


Nous décidons de participer aux charges du VOI pour payer les Jamaha et faisons une visite de la forêt sous leur protection afin d’évaluer les dégâts causés par les feux ; Nous constatons que beaucoup d’endroits sont défrichés et sont déjà plantés avec du maïs et des haricots. Nous ne pouvons rien faire car une loi protégeant les petits cultivateurs, interdit la destruction de leurs plantations, sous peine d’une sévère amende, même si c’est en forêt. Il faut attendre la récolte et empêcher que l’on replante, sinon le droit de préemption jouera plus tard .  


Eulemur fulvus rufus



Chouette moyen duc


Jeudi 7 mars 2013, nous partons pour Fianarantsoa avec le Président du VOI pour un entretient avec l’association villageoise (VOI) qui régit Anjà Miray (AMI) à Ambalavao. Cette association a démarré en 1999 en faisant de l ‘écotourisme avec une petite forêt où évoluent des lémuriens makis catta. Le but était de freiner la destruction systématique de l’écosystème particulièrement riche et varié de la région, menacé par une culture sur brûlis intense. L’association villageoise est complètement indépendante et œuvre pour le développement humain associé au développement durable et culturel du village, aide aux personnes âgées ou malades et scolarité des enfants de la localité. Elle détiens le prix Equateur Initiative 2012.Nous voudrions que le VOI de la forêt d’Ankazomivady s’en inspire et avons pour ce fait organisé une réunion avec les responsables d’AMI et avons contacté un ami journaliste pour qu’il en fasse un interview filmé et diffusé sur les chaines locales quelques jours plus tard.

Le 29 mars 2013 TF1 diffuse dans son émission 7 à 8, un film sur les lémuriens et expose l’association AMI au grand public. Cette émission est encore visible sur internet ;


Nous visitons le secteur où la forêt est en partie détruite et qui est destinée au tourisme et a l’aide d’un GPS nous établissons des tracés pour évaluer ce qu’il en reste par rapport au plan fournit par la DIREF mais datant de 2009. Ainsi nous préparons aussi les circuits pour les futurs touristes. Deux circuits sont tracés un petit autour du plan d’eau et un plus grand. Il y a même moyen de faire un très grand circuit qui ferait tout le tour avec des passages près de roches avec des orchidées et des vues magnifiques sur la région.









Rencontre avec l’équipe de l’ONG DURRELL et l’association GERP pour demander une aide à l’évaluation des lémuriens vivants dans cette forêt. Une équipe de jeunes étudiants devraient venir faire des observation dans cette forêt au niveau de la faune et de la flore ou éventuellement écrire un mémoire.

Nous terminons la distribution des semences potagères de WWF dans la commune d’Ambalamakana, où elle n’a pu se faire en novembre par manque de participants dû à un blocage d’information. 

Jeudi 18 avril 2013, nous avons convié dans les trois communes, non pas que les membres du VOI comme d’habitude mais toutes les personnes intéressées par la création d’une pépinière, amorces d’associations de femmes également, dans le but de reconstruire plus tard les parties de forêt détruites par le feu. Les responsables WWF sont venus pour prodiguer leurs conseils sur le meilleur emplacement, la structure de la pépinière et donner les instructions pour  transplanter des sauvageons prélevés dans la forêt pour les mettre en godets. Nous avons été étonnés par le nombre de personnes présentes, environ 30, toutes très enthousiastes pour ce projet. Il n’était pas prévu de faire la pépinière de suite mais ils se sont immédiatement mis à la tâche et rien ne pouvait plus les arrêter. C’est surtout Mon Sisi, un membre très motivé du VOI qui stimulait tout le monde. En décembre, avant la saison des pluies il faudra préparer également des trous sur place pour la transplantation de jeunes arbres prélevés directement dans la forêt.




Mise en pots des sauvageons prélevés en forêt.
Jeudi 26 septembre 2013, nous rencontrons Edmond qui vient d’inaugurer en août sa nouvelle maison reconstruite après l’incendie de l’an passé. Il en a profité pour réorienter son champ ecole reconstruit qui est maintenant un centre de formation professionnelle SOANATAO en agriculture biologique. Les semences de Kokopelli ont été semées au champ école en vue de production de semences. Nous déterminons un contrat de 10 journées de partage où nous reparlons d’environnement mais elles seront surtout axées sur le compostage et la culture potagère, sur demande des personnes présentent la dernière fois. Elles commencerons début Novembre.
Nous visitons la forêt et constatons que la destruction continue. A l’entrée deux arbres sont à nos pieds fraîchement coupés et nous percevons au loin la cognée de 2 haches. Les lémuriens que nous avons aperçus la dernière fois ne sont plus là mais nous avons entendu leurs cris au loin. La fumée de différents fours à charbon est visible à différents endroits. Un proche voisin nous signale que tous les jours environ 100 sacs de charbon sortent de cette forêt et qu’il pense que tout le monde est impliqué dans ce trafic en particulier le vice-président. Visiblement rien n’a changé dans les habitudes de l’exploitation de cette forêt malgré ce que l’on nous en dit. Du côté de la pépinière même constatation. Les plants récoltés en forêt sont desséchés faute d’avoir été arrosés. Ils sont restés petits, donc l’activité a cessé assez rapidement après notre départ fin avril.

Nous décidons d’une réunion avec Messieurs Edmond, Louis, le maire d’Ambafitorahana au centre de formation le lendemain.  

Vendredi 27 septembre 2013, nous démarrons la réunion en relatant notre impression que rien n’avance du côté du VOI concernant la baisse d’activité destructrice de cette forêt, l’abandon de la pépinière et le bureau non commencé pour accueillir les touristes. Nous insistons sur le fait qu’il y a un grand potentiel qui sommeille et que l’on doit réveiller. Le Président du VOI Louis relate le fait que des gens pauvres viennent le trouver pour lui dire qu’ils n’ont aucune ressource autre que la forêt et qu’ils préfèrent aller en prison que d’arrêter cette activité et que les gros exploitants ne serons jamais arrêté car ils ont les moyens de soudoyer les autorités en place.
Je rappelle qu’autrefois les gens étaient aussi pauvres mais qu’ils respectaient quand même la forêt et qu’elle n’a jamais été autant la cause d’exploitation outrancière. Monsieur le maire dit qu’il faut continuer a se battre mais passer par le chef de région pour avoir un appui . Ils décident tous les trois d’aller prendre rendez vous.
Plusieurs réunions s’ensuivent afin de trouver un plan d’action plus efficace et aussi de préparer la prochaine rencontre orchestrée par le chef de région. Il veux réunir toutes les autorités régionales en place concernées par cette forêt afin de trouver ensemble des mesures urgentes pour éviter des dégâts irréparables. 

Mercredi 9 octobre 2013, nous avons enfin cette réunion tant attendue par Messieurs le maire, Edmond et le VOI. Tous les acteurs sont là : le Directeur de l’administration générale et territoriale, le Commandant de la compagnie de la gendarmerie, le Commissaire de police, le Directeur régional de l’environnement et des forêts, le Directeur régional du développement rural, le Commandant de l’Unité de la gendarmerie Ambatofitorahana, les Maires des communes Ambalamakana et Ambafitorahana, le Président de la VOI d’Ankazomivady,   même le maire d’Ambalamakana. On commence d’abord par se renvoyer les responsabilités entre DREF et VOI. Les choses sont claires ont souhaite bien palier à cette situation mais c’est bien difficile vu les conditions de crise politique du pays, manque de moyens, perte de respect des biens de l’état, nonchalance, corruption, laisser faire et peur des représailles. La région veux faire une descente immédiate sur le terrain afin de menacer la population de représailles si les faits nuisibles continuent mais finalement la date est fixée au 18 octobre. 

Vendredi 18 octobre 2013, les responsables régionaux sont tous réunis pour cette descente sur place. Il nous parle d’un éventuel bailleur de fond qui serait intéressé par cette forêt. Une partie du VOI est là, mais peut-être 100 personnes sur les 600 membres. Un dialogue est établi où on leur explique à nouveau l’intérêt de préserver cette forêt et les risques que prennent les personnes qui l’exploitent. Les autorités les menacent d’emprisonnement à vie et on leur parle aussi de replanter une partie de la forêt. Nous proposons d’apporter notre appui en continuant nos journées de partage avec des formations sur le compostage, la culture associée, l’utilisation d’engrais et de produits phytosanitaires naturels et la culture de légumes. Des dates sont fixées pour le démarrage du programme dans les deux communes. Monsieur Louis promet que le bureau pour accueillir les touristes sera terminé pour le mois de mars 2014. Le soir même nous rencontrons à Tana la personne signalée par Monsieur Ignace. 
Vendredi 1 novembre  2013, une partie de la population nous fait part qu’ils aimeraient que les membres du bureau du VOI soient changés car juste ces 4 personnes auraient accès à la forêt. Deux associations se sont formées à Andoarihana et désireraient planter des arbres en bordure de forêt afin que ceux qui plantent du maïs dans les zones défrichées ne transforment pas ces terrains en terrains de culture et que cela reste du terrain forestier.  


Samedi 2 novembre 2013, nous partons pour la côte est où nous allons régulièrement rendre visite à de petits apiculteurs. Nous expliquons à l’un d’entre eux comment faire une nouvelle ruche sans essaimage en prélevant juste quelques cadres avec couvain sans reine et des cadres avec de la nourriture. Il nous dit qu’il a peur de faire cela mais qu’il va essayer.  Il nous raconte que parfois la nuit il sort écouter les abeilles et entend quand elles ventilent entre 20h et 4h du matin, il sait alors que 3 jours après les cadres serons operculés et qu’il pourra récolter. Il observe beaucoup la vie des abeilles et travaille en fonction d’elles. Il sort presque toutes les nuits voir si les ruches sont encore là et si personne ne les a touché car il y a beaucoup de vols en ce moment. En novembre décembre, il entend qu’elles font un bruit spécifique entre 23h et 1h du matin quand elles se prépare pour essaimer. En règle générale elle le font 3 jours après. Il a observé qu’elles font aussi à ce moment là la danse des abeilles, le 8, comme si elles faisaient le tri pour sélectionner les abeilles qui vont les suivre. Il regarde rarement dans la ruche, environ une fois par mois en moyenne quand il y a des bruits différents et ceci pour récolter ou pour éviter l’essaimage mais en général il laisse faire et récupère l’essaim dans la forêt toute proche. Ici on laisse faire la nature et les choses se passent bien. Les abeilles travaillent toute l’année car elles ont tout le temps de la nourriture. Nous passons voir un jeune qui veux se lancer dans l’apiculture. Il a quelques ruches faites avec des bois de récupération et des vieux troncs d’arbre creusés. Sur sa demande nous lui donnons de l’argent pour qu’il achète quelques planches neuves pour faire 2 nouvelles ruches avec hausse.











Mardi 5 novembre 2013, en retournant sur Ambositra, nous passons devant la forêt et constatons avec effroi que l’étang tout proche est à sec. Des brigands auraient il y a deux jours vidé le bassin pour voler tous les poissons. Un autre bassin tout proche appartenant à une paroisse aurait subit le même sort. Nous faisons le nécessaire pour que la digue soit remise en état le plus vite possible pour que l’écosystème ne soit pas trop perturbé. Les canards sauvages sont déjà partis.
Nous passons au DREF pour leur signaler que le lendemain de la grande réunion régionale un camion chargeait du bois carré près de la forêt et que ce jour nous avons vu un gros chargement de charbon de bois se faire à Ambalamakana en face de la mairie. Le maire d’Ambafitorahana a confirmé nos soupçons en affirmant qu’en ce moment il n’y avait aucuns bois d’eucalyptus aux alentours susceptibles de donner du charbon de bois, donc le charbon provient bien de la forêt naturelle.
La DREF nous dit que les associations villageoises ne pourrons pas planter d’arbres comme elles en ont fait la demande sans un accord de collaboration écrit et signé avec le VOI, afin d’éviter plus tard qu’elles ne s’approprient les terrains plantés. La DREF décide de faire une descente surprise le lendemain pour contrôler et verbaliser les exploitants illicites et nous demande l’autorisation de profiter de notre prochaine journée de partage pour s’exprimer et provoquer une AG extraordinaire dans les 15 jours afin de faire changer les *membres du bureau du VOI. Monsieur Louis n’est toujours pas venu aux bureaux du DREF pour  faire les papiers pour la construction du bureau.

Nous confions à Madame Roseline, présidente de son association, 300 plants  d’eucalyptus de 3 variétés différentes à planter celons leurs souhait, en bordure de forêt d’Andoharihana.  


Vendredi 8 novembre 2013, nous démarrons notre première journée de partage de la saison pour les trois communes avec des généralités sur l’agriculture bio, ses moyens d’enrichissement du sol et ses moyens phytosanitaires. Nous établissons pour les différentes communes un programme de développement rural pour les mois à venir. Au programme: compostage, culture vivrière sur les rizières après récolte du riz, cultures associées, production de semences et réalisation de jardins potagers et de pépinières dans chaque fokontane. Madame Roseline sera responsable d’Andohariana et Madame Vévé d’Ambalamanakana. Madame Roseline ne tiendra pas ses engagements.
On nous fait part que les semences offertes par WWF en mars, semences achetées dans le commerce, n’ont presque rien donné, et qu’elles ont donné des légumes très variables en taille et qualité et n’ont presque pas donné de semences. 

Suite à notre rencontre avec la DREF, elle vient faire une intervention qui  provoque une AG extraordinaire du VOI le 26 novembre pour l’ élection d’un nouveau bureau. 

La DREF vient faire sont intervention ce qui a provoqué une AG extraordinaire du VOI le 26 novembre pour l’ élection d’un nouveau bureau.





Jeudi 21 novembre 2013, cette série de 3  journées de partage pour la culture associée maïs- soja, intéressante pour sa symbiose bactérienne, et où l’on distribuera aussi des semences, a lieu à Ambalamanakana. Il y a très peu de monde surtout des femmes. Un homme intervient pour nous dire que les gens ne sont intéressés à ce type de manifestation que si l’on distribue quelque chose. On lui explique que notre but n’est pas de donner à chaque fois quelque chose gratuitement mais de permettre aux gens d’être informé sur une culture permettant un meilleur rendement et que les semences ne serons distribuées qu’aux personnes présentes pendant les trois jours, mais à leur charge de nous restituer des semences après récoltes afin de pouvoir reconduire la même chose l’année suivante avec d’autres personnes. Nous ne sommes pas sûr de pouvoir donner notre formation car il y a peu de participants. Les gens de la campagne n’ayants pas de montre et venants de loin à pied arrivent finalement au compte-goutte et nous nous retrouvons finalement  quand même à une trentaine de personnes. Nous pouvons commencer les cours. Nous avons de nouveaux responsables : Madame Farasoa pour Mananiaivo, Monsieur Ernest pour Sahatsiara, Madame Vévé pour Ambalamanakana.

On nous a signalé encore du trafic de bois dans la forêt, un camion plein de madriers aurait été chargé durant la nuit. Nous en profitons pour aller voir. Effectivement nous voyons où le bois a été descendu le long du ravin. Nous trouvons l’endroit où il a été stocké, dans une grande clairière avec d’anciens fours à charbon et beaucoup de petit bois qui traîne. Nous voyons 3 lémuriens se regrouper dans un des arbres restants. Ils sont encore là et cela nous conforte dans notre action de protection.   
Au bout de ces trois jours de formation: une matinée passée à travailler ensemble dans le champ de Madame Vévé pour la pratique de la culture associée maïs- soja. Un homme me demande à boire et à manger. Nous lui expliquons que nous ne distribuons pas de la nourriture  mais de la semence et un savoir faire pour améliorer le rendement. A la fin de la matinée cet homme nous remercie chaleureusement en public de ce que nous leurs avons apporté et s’excuse de son attitude. Ces journées serons reconduite à Andohariana. Des groupes de trois journées avec différents thèmes sont ainsi prévues jusqu'au mois de février. Deux journées de théorie et une de pratique.

Mardi 26 novembre 2013, la grande réunion avec le VOI pour les élections des membres du bureau a lieu en plein air sur les rochers en face de la forêt d’ Ankazomivady, d’où l’on voit les grands trous de défrichage, comme de grandes blessures entaillées. Nous participons activement aux élections comme scrutateurs. Monsieur Louis est réélu comme président mais les vices présidents de chaque commune ont changé et sont plus jeunes et me semble t-il plus dynamiques. Nous en profitons pour leurs reparler de l’exemplaire VOI de ANJA qui a sût bien exploiter sa forêt, pourtant plus petite, d’une façon durable et qui accueille certains jours jusqu’à 200 touristes ce qui représente un gain important pour la communauté. Toutes les personnes présentes sont d’accord pour suivre cet exemple mais nous savons aussi que cela n’est pas aussi évident de faire cesser les activités de déboisement . Le président Louis promet de faire construire le bureau pour accueillir les touristes pour le mois de mars. 

A.P.O.I., Agence de Presse de l’Ocean Indien, nous demande pour un interview concernant les activités de notre association à Madagascar. Nous avons un article avec de nombreuses photos intitulé «  La forêt d’Ankazomivady en détresse » et publié dans la revue semestrielle et dans le site internet du journal.

Février 2014, nous sommes contraints pour des raisons de désaccord sur le planning et les coûts des formations à venir  de rompre avec Monsieur Edmond. Il n’a pas l’intention de remplir sa mission sur le programme de la production de semences alors que nous lui avions remis, heureusement que la moitié des semences, reçues de Kokopelli. Nous allons continuer avec d’autres partenaires. 

Mars- avril 2014, nous avons fait fabriquer 10 ruches avec hausses aux normes internationales pour nos petits apiculteurs de la côte est. Nous les assemblons tous ensemble dans leur cour. Tout le monde est content de pouvoir acquérir de si belles ruches. On nous raconte que 2 organismes malgaches ont vendus dans la région environ 2000 ruches et encore 2000 de plus au sud et obligent les gens à prendre un crédit sur 3 ans s’ils veulent obtenir la subvention de l’Etat, même s’ils ont les moyens de payer de suite.






Chez Madame Vévé, nous avons eu une bonne récolte de semences que nous pourrons distribuer la prochaine saison. Les cultures associées maïs-soja visitées promettent un bon rendement.


                                                                                                                                                                  
Salades de Madame Vévé


















Le journaliste de Midi Gasy veux faire un article dans le journal régional sur notre action dans la région et sur la destruction illicite de la forêt.

Nous achetons encore des jeunes 
plants d’arbres de différentes variétés pour que l’association de Madame Fara puisse aussi planter des arbres. En tout nous venons de planter 775 arbres d’espèces différentes pour la menuiserie et le charbon de bois et autres usages. 
 
Sous la pression du maire d’Ambafitorahana le bureau est enfin commencé, comme il est entièrement en terre il va falloir plusieurs semaines car il faut le construire couche par couche. Les murs étant épais il faut laisser sécher entre les couches horizontales et la saison des pluies n’est pas encore terminée.
Nous sommes contacté par des agences de voyages pour planter des arbres dans la partie de la forêt détruite et pour faire des visites de faune et flore. Nos lemuriens sont contents car ils sont chaque fois présents quand nous faisons quelque chose de positif dans cette forêt comme le jour d’une plantation où ils sont venus nous voir. L’agence Gassy Tour viendra tous les mois planter des arbres avec des touristes allemands. Nous serons présents les premiers mois jusqu’à ce que les gens soient rodés et en profitons pour leurs enseigner les techniques de guidage.

Nous avons commencé la broderie avec les femmes des deux associations qui vont faire un stage à Ambositra.

Mai 2014, les murs du bureau sont presque terminés sous notre pression. Le président du VOI monsieur Louis ne  participe aux  travaux que pour le financement des murs sans crépis, les caisses seraient vides. Il reste a trouver des fonds pour le toit, le crépi, la chape, le mobilier, les toilettes, ce qui est le plus urgent pour pouvoir inaugurer et accueillir correctement le public à venir. Les femmes artisanes pourrons aussi y exposer leurs travaux pour la mise en vente.



Juin 2014, nous sommes déjà début juin et malgré que l’inauguration soit prévue le vendredi 13 juin, les travaux n’ont pas beaucoup avancé. Le VOI compte sur nous pour toute la coordination et le paiement et si nous ne sommes pas sur place rien n’avance, malgré nos 2 dernières interventions. C’est un peu normal car c’est sous notre initiative que ce bureau va être construit et que cette forêt sera ouverte au public alors qu'il y a des réticences de la part de certains pour des raisons d'intérêts personnels . 
Déjà en France pour la collecte de fond, je repart pour Madagascar car il faut impérativement régler le problème.

Mardi 10 juin, quand nous arrivons il n’y a que les murs en place ainsi que le pignon monté et la chape coulée, alors qu’il reste 2 jours avant l’inauguration. Aucune charpente et pas de crépis intérieur ni extérieur.

Etat du chantier à 2 jours de l'inauguration !
Mercredi 11 juin, il faut tout d’abord chercher des madriers  pour commencer la charpente. C’est là qu’on nous confirme ce que nous savons depuis longtemps. On nous dit «qu’il suffit de demander l’autorisation au VOI pour pouvoir travailler dans la forêt ».  Quand nous arrivons avec les madriers l’équipe de travailleurs ( 20 personnes) a déjà coupé du bois dans la forêt, ce que nous réprimandons. Certains membres du VOI n’ont pas encore compris qu’il ne faut plus toucher à la forêt et que c’est important. Elle est encore toujours en danger. Il est très dur de faire changer les habitudes.

Nous allons chercher la tôle pour le toit chez Mme Vévé. Elle a été transportée le mois passé sur la galerie de la voiture ( 650kg) et nous constatons qu’elle est trop courte parce que le toit est trop pentu. Il faut donc corriger les pignons. L’un d’eux a déjà été changé la semaine passée car il penchait. C’est en soirée que nous apprenons que les portes et volets commandés chez le charpentier par Mme Vévé n’ont pas été faits. Finalement tout le monde travaille d’arrache pied jusqu’à la tombée de la nuit.


Jeudi 12 juin, c’est la veille de l’inauguration et tout reste encore à faire. Nous sommes obligés d’aller en catastrophe chez le menuisier pour les volets et portes et pour ce faire, chercher du bois à raboter. Nous récupérons aussi le mobilier, table, chaises, bancs, meuble à étagères pour l’artisanat.  Le crépi intérieur et extérieur n’est pas encore terminé et la tôle du toit n’est pas finie d’être montée. Quand nous arrivons, les travaux sont loin d’être terminés et il manque encore des planches. Les menuisiers refusent d’assembler et de monter les portes et fenêtres, ils veulent être payé très cher alors que le menuisier d’Ambositra qui les a raboté demandait un prix dérisoire. Ils veulent aussi que nous les payons pour les murs en terre ce qui était du ressort du VOI. Nous les laissons en plan et leurs rappelons que le lendemain c’est l’inauguration et qu’ils ont intérêt à avoir tout terminé. On nous a fait pression pour que nous payons tout alors que nous avions au départ proposé de payer le toit et le mobilier uniquement. Finalement nous nous mettons d’accord qu’ils nous rembourserons ce que nous avons payé pour les murs, pour la chape et les huisseries. C’est la grande fête demain et nous nous chargerons d’organiser le cocktail et le repas, pour la population  (environ 100 personnes), que nous sommes heureux de leurs offrir, eux qui ne mangent pas toujours à leur faim et rarement de la viande.

Toutes les Autorités régionales sont présentes.
Vendredi 13 juin, les volets et portes sont en place presque terminés! Nous arrivons avec un peu de retard car nous avons emmené plusieurs personnes. Les autorités ne sont pas encore là et il y a encore beaucoup de rangement  à faire aux alentours du bureau. Toutes les autorités de la région Amoron’I Mania arrivent en même temps et nous passons à l’inauguration et aux festivités. Un peu plus tard quand je fait visiter la forêt au Directeur des eaux et forêt Monsieur Philibert, nous avons l’heureuse surprise d’avoir un visiteur de marque, le ministre de l’écologie et des eaux et forêts qui est très enthousiaste devant notre projet.  La population est très contente du repas. 
Hommage à la Nation.

Coupage du ruban.
Festivités avec la population.
Visite du site par Monsieur le Ministre de l'Ecologie, des Eaux et Forêts





















Mercredi 18 juin, nous avons provoqué une réunion du VOI afin d’organiser le gardiennage et les permanences au bureau. Le problème des clefs du bureau se posait aussi car il y a un gros problème de rivalité entre les deux villages. Il y a environ 30 personnes présentes et les discutions sont parfois houleuses concernant surtout la trésorerie du VOI. Nous insistons pour que les statuts soient révisés lors d’une prochaine AG et que des réviseurs aux comptes des deux villages soient nommés.

Samedi 14 juin et jusqu’au 21 juin, nous sommes au bureau tous les jours pour former les jeunes guides au guidage des touristes, terminer de défricher les sentiers dans la forêt et repérer les lémuriens. Au début très peu de personnes sont venues mais après ils y ont pris goût et de l’intérêt. Ils souhaitent s’instruire et nous organiserons une vraie bibliothèque. Nous mangeons tous les jours ensemble et cuisinons sur place, riz et légumineuses. Les toilettes sont enfin démarrées et un abri pour la cuisine extérieure. Pendant notre absence il y aura deux gardiens qui vont se relayer et Madame Marie et Madame Vévé s’occuperons des permanences des guides. Nous avons alerté toutes les agences malgaches de l’ouverture du site et certains guides se sont même arrêté pour des renseignement. Nous espérons que l’équipe en place aie la patience d’attendre que le site soit intégrée dans les circuits des agences et soit enfin connu et visité. . En tout cas l’agence Gasy Tour nous a certifié venir régulièrement planter des arbres avec les touristes, ce qui implique qu’il faut aussi réactiver la pépinière pour élever des sauvageons. Nous avons mis en place un petit panneau solaire pour alimenter une lampe et charger les téléphones dont nous avons doté les guides.

Juillet 2014, Mme Vévé qui est très souvent sur le site nous informe que les premiers touristes ont visités la forêt et ils ont vu les lémuriens! 3 résidents et 3 étrangers. Le train se met en marche!

Caméléon
Aout 2014, à ce jour une trentaine de touristes ont visité le site, d’autres par le biais des agences Gasy-Tour (Madagascar) et Chamäleon (Allemagne) ont planté environ 200 arbres d’essence endémique et dans une partie de forêt détruite par le feu en 2012.

Septembre 2014, après plusieurs semaines d’absence sur le site, nous constatons que les choses n’avancent pas sans nous. Nous avons surpris 2 personnes transportant des sacs de charbon de bois et la pépinière est encore en piteux état. Il faut dire que les gens n’ont pas été payés par le VOI et qu’il a en plus gelé pendant 5 jours. Dans la forêt de nouveaux arbres ont encore été coupé. Monsieur Louis nous raconte qu’il aurait été agressé en forêt par des hommes armés, mais il les a fait fuir en coupant la main de l’un d’eux qui l’aurais ramassée et se serrais enfui.
Essaye-t-on de nous faire peur ?
Nous préparons des réunions avec nos partenaires, VOI, DREF, mairie, afin d’organiser pour octobre, le festival international des Lémuriens. Ici personne n’est au courant, même pas le DREF. Au lieu de faire une semaine comme cela se passera dans le monde entier, nous ne ferons la manifestation que le week-end, les 25 et 26 octobre, faute de moyens. 
C’est la saison des brûlis et la campagne est ravagée par le feu. Il s’en est déclaré un de l’autre côté de la route, près de l’exploitation des géraniums. Nous avons très peur que le feu traverse la nationale et vienne ravager la forêt qui est très sèche en ce moment car nous sommes encore en pleine saison sèche. A plusieurs, nous arrivons à l’éteindre en tapant le feu avec des branches. Plus loin encore un grand feu mais dans la prairie cette fois, ici aussi le risque est grand qu’il se propage vers la forêt toute proche. A deux nous l’éteignons pendant qu’on nous observe en ricanant. Différentes personnes nous disent que de l’autre côté de la forêt, des gens seraient en train de brûler pour cultiver du géranium pour des huiles essentielles.
*Les gens qui travaillent au bureau auraient été menacé par le fils d’un voisin que notre action doit certainement gêner. Cela me donne l’impression que c’est un combat inutile que nous portons, et que nous sommes le pot de terre contre le pot de fer. Dès que nous avons le dos tourné la destruction continue de plus belle.  Le président du VOI et nous même avons signalé ces faits au DREF qui va faire une descente pour contrôler la situation. Chose inutile car cela n’a jamais rien changé dans les comportements parce qu’on ne verbalise pas.
Nous consultons les gens qui travaillent avec nous pour savoir pourquoi ils ont laissé en partie tomber le site durant notre absence. C’est en partie à cause des menaces, de l’insécurité et du non-paiement de leurs salaires par le président du VOI. Les maçons ne seraient pas encore payés. Nous décidons de payer nous même les gardiens et guides et de prendre en main la gestion du site et de tout consigner dans un livre de compte tenu par la trésorière du VOI.
Les brodeuses n’ont pas été très productives pendant notre absence, car elles manquent de moyen pour acheter le matériel. Je vais donc fournir le matériel moi-même.
Octobre 2014
Nous avons acheté des plants d’arbres à la pépinière nationale SNGF afin de remplacer ceux qui sont morts soit par le gel ou peut-être parce qu’ils n’ont pas étés assez arrosé. Nous ne savons pas.
Avec Madame Vévé nous avons organisé une distribution gratuite de semences, mais les intéressés sont très rares soit 2 personnes en dehors des 5 personnes qui travaillent avec nous. Pourquoi ? D’ailleurs personne n’a remboursé les semences de maïs et soja que nous avons distribué l’année passée. Il était prévu que les participants redonnent ce qu’ils ont reçu afin de faire profiter d’autres personnes cette année (revolving).  
La construction de 3 paillottes pour permettre aux touristes de faire pique-nique sur le site, vient d’être terminée.
Les préparatifs pour le festival avancent et nous avons transmis au VOI que nous faisons une réunion préparatoire car tous les habitants qui veulent, peuvent tenir un stand avec repas ou en cas. Mais très peu sont au rendez-vous. Les 2 banderoles que nous avions commandé n’ont pas été mis en place à Ambositra. Finalement nous en mettons une dans les communes d’ Ambalamanakana, Ambafitorahana et la publicité se fera par la radio locale. C’est l’association Tantelygasy qui prendra tout en charge car le VOI, le DREF et la mairie n’ont pas d’argent. Le samedi matin se tiens l’inauguration des deux journées. Toutes les autorités sont présentes ainsi que les élèves d’Ambafitorahana. Après le cocktail de bienvenue nous faisons visiter la forêt à tout le monde. Une femme me dira toute contente qu’elle n’a jamais pu visiter cette forêt et que c’est un grand jour pour elle. L’accès était réservé uniquement à quelques personnes du VOI, m’ont aussi dit des villageois. Après un bref déjeuné offert par la mairie d’Ambafitorahana, nous cherchons l’équipe de foot d’Ambalamanakana en voiture. Tout le monde dedans, sur le toit et accroché au 4X4, afin qu’ils ne soient pas trop fatigués pour la rencontre qui a lieu 10 km plus loin. Ils sont les moins bien équipés et certains jouent même pieds nus car ils n’ont pas de chaussures. Bien sûr avec cet handicap ce sont eux les perdants mais ils gagnent quand même un ballon de foot de qualité européenne. Les autres recevront comme ils le désiraient, une coupe. Les spectateurs ne sont pas très nombreux car il vient enfin de pleuvoir la veille depuis de longues semaines sans pluie. La saison sèche s’est prolongée plus longtemps que les autres années Pendant ce temps les écoliers colorient et confectionnent des masques de lémuriens qu’ils vont porter. Le soir nous diffusons avec l’aide d’un groupe et d’un mini projecteur un film de la BBC sur la faune et la flore de Madagascar. Le lendemain soir nous le diffuserons dans l’autre village, car avec l’insécurité nous ne voulons pas faire prendre des risques à la population en les faisant aller dans l’autre village à pied. Ils sont très nombreux car ici le cinéma est très rare. Le dimanche nous avons organisé un spectacle en plein air. C’est un groupe folklorique ( Hira Gasy) de la région qui chante et danse sur le thème de l’Homme et l’Environnement. Nous avons ouvert une buvette et mis de petits en cas en vente. Cela nous a permis avec les dons de récolter un peu d’argent pour le site.
Nous avons fait plusieurs tests par hasard et nous avons constaté que les deux gardiens ne sont pas toujours là pour garder le site la nuit et les guides oublient parfois d’être à l’heure et même de faire leurs permanences.

Novembre 2014
Des touristes allemands comme tous les mois, vont venir planter des arbres à Ankazomivady et je vais toute seule cette fois ci les accueillir.
On m’a encore signalé des feux à l’arrière du site touristique et je vais le signaler au DREF. Je propose d’emmener le lendemain des agents pour une visite inopportune afin de verbaliser les gens qui défrichent et brûlent. Finalement après leur inspection, ils n’ont pas vu de plantation de géranium mais ont détruit 2 fours à charbon.
A Sydney se déroule en ce moment le congrès mondial des parcs qu’a organisé IUCN. Le président du VOI y participe avec la délégation de 37 membres de Madagascar. J’apprends que Monsieur Louis a organisé une AG sans en faire part à la vice-présidente d’Ambalamanakana et que dans le village personne n’est jamais au courant. Nous le pressons depuis un moment pour faire une AG où nous serons présents mais il le reporte à chaque fois.
Decembre 2014
Nous sommes à plusieurs reprises avertit de l’existence de fours à charbons, nous en faisons part à toutes les autorités et nous allons nous même prospecter et ce que nous voyons nous glace d’effroi. Il y a effectivement une grande partie de la forêt qui avait subi le feu en 2012 et qui commençait à se régénérer, qui vient d’être complètement anéantie et transformée en culture. Pourtant en novembre les agents du DREF sont passés et n’ont pas vus . 100 hectares voués à la culture de géranium ! Le commanditaire serait le maire de Fiadanana et aurait une autorisation d’une haute autorité de Fianarantsoa ou de Tana. Nous photographions et filmons les gens qui y travaillent, parmi eux un de nos gardiens que nous venons de licencier parce qu’il n’était souvent pas présent à son travail. Nous filmons aussi les fours à charbon et la coupe pour les bois carré du côté d’Andoarihana. Nous préparons un document avec films et photos sur DVD avec notre rapport et le rapport de Mon Louis pour en faire part au Ministre de l’Environnement et des Eaux et Forêts. D’après les rumeurs ce serais toujours des membres du VOI et même nos propres gardiens du site. Nous alertons à nouveau les autorités. Nous rencontrons par hasard le directeur du DREF sur la route, nous arrêtons sa voiture pour lui montrer la plantation de géranium. Il décide de faire le reboisement annuel prévu en janvier à cet emplacement.   

Si tout cela continue, la forêt aura disparu d’ici 2 à 3 ans ! Nous avons porté plainte à la gendarmerie mais rien ne bouge ils ne se déplacent même pas pour aller voir, et la destruction continue !
Nous avons besoin d’urgence de mettre en place une vraie patrouille qui surveille nuit et jour la forêt. Il serait intéressant de prendre des Bara ou des Antandroy car tout le monde ici a peur de ces gens car ils auraient des pouvoirs surnaturels !

De l’autre côté nous avons un programme qui commence à s’étoffer pour la visite de la forêt pour 2015. Plusieurs agences et guides sont très intéressé pour inclure cette étape dans leur programme et le nombre de plantations devrait passer de 10 en 2014 à 16 en 2015. Cette forêt a une richesse exceptionnelle. Nous avons même vu un ibis, chose devenue très rare à Madagascar.
Un bref récapitulatif de l’année 2014 qui a commencé en avril pour la plantation, en juin pour le tourisme :
Nombre de visiteurs étranger : 35
Nombre de visiteurs résidents : 10
Nombre de touristes pour la reforestation : 102
Nombre d’arbres planté dans la forêt : 466
Nombre d’arbres plantés à l’extérieur : 775   

Janvier 2015
Nous retrouvons après les fêtes la forêt encore plus dégradée. L’activité de coupe forestière s’est intensifiée pendant notre absence. Il pleut presque tous les jours, c’est la saison des pluies. Cette année elle est arrivée beaucoup plus tard et beaucoup de gens sont encore occupés à repiquer le riz car avant ils ne le pouvaient pas par manque d’eau sur leurs rizières. Il y a bien un changement climatique en cours. Même à Tana les températures sont plus élevées que d’ordinaire. En faisant nos virées dans la forêt nous découvrons plusieurs fours à charbon et une cachette où 30 madriers sont empilés prêts à sortir de la forêt. Nous réquisitionnons des gens dont le gardien et transférons ce bois dans le bureau d’où il partira le lendemain pour la mairie d’Ambalamanakana, comme le veulent les textes de loi en cas de réquisition Nous en avons référé au DREF qui nous a conseillé de procéder ainsi. Nous avons déposé une main courante à la gendarmerie qui vient consigner le lendemain. Les jeunes qui nous ont aidé n’ont jamais été dans cette forêt. Ils découvrent. Nous décidons de pousser plus loin nos investigations que nous n’avons jamais osé faire avant sans le VOI. Nous mesurons l’ampleur du désastre qui n’est aucunement visible de la route. De très grandes parties de forêt sont totalement rasées et personne du VOI n’en parle. Tout ce trafic se fait en cachette mais est bien visible pour qui veux le voir. Monsieur Sisi nous dit que maintenant la population d’Ambalamanakana croit que c’est nous qui pratiquons la culture de géraniums sur la zone forestière alors qu’on les a empêché de cultiver du maïs. Nous lui suggérons de réunir la population et de se battre avec nous, mais il a peur des représailles. Notre dernier recours pour arrêter ce massacre à la hache est de chercher de nouveaux gardiens étrangers à la région. Nous partons les chercher dans le sud. Ils sont Antandroy et sont au nombre de trois et comme le lendemain 13 janvier nous avons l’AG tant attendue nous les présenterons au VOI, au maire d’Andoarihana et au DIREF qui viendra aussi à la réunion à cause de la plantation illicite des géraniums et de la journée annuelle du reboisement. Seulement une quarantaine de personnes du VOI sont présentent, presque toujours les mêmes et il est décidé que les 4500 arbres alloués au reboisement annuel serons planté dans la zone défrichée pour le géranium. Les gardiens sont autorisés à faire régner l’ordre dans la forêt et à arracher les géraniums plantés illicitement sur zone forestière.
Nous avons installé un panneau solaire pour éclairer le bureau à l’extérieur car nous craignons pour les gardiens qui font très bien leur travail. Les gens ayants peur d’eux ont arrêté les activités dans la forêt. Mais les gardiens ont été menacés par les gens de la plantation de géranium parce que nous avons-nous même arraché des plants. Nous en faisons part au DREF qui a commencé le 22 janvier les trous pour la plantation des 4500 arbres. Ils ont également arraché les nouveaux plants de géranium mis en place. Une petite victoire !
Vendredi 30 janvier, journée du reboisement, toutes les autorités d’Ambositra et de la région sont là, les gendarmes, les enfants de l’école d’Ambalamanakana, Mme la ministre de l’éducation et des agriculteurs. Tout le monde participe à la plantation.

Certaines personnes ont déjà proposé de l’argent aux gardiens pour leur donner l’autorisation de travailler dans la forêt.


Jeudi 12 Février 2015, le journal Midi nous discrédite dans son article sur Ankazomivady : « par ailleurs, une association est présente sur les lieux depuis plusieurs années pour, soit disant, aider les communautés de base dans les reboisements. Une présence qui inquiète les autorités locales dans la stricte mesure où cette association n’a pas conclu une convention légale de partenariat avec les VOI, comme elle se doit, pour justifier légalement sa présence. Y-a-t-il anguille sous roche ? ….», alors que celà fait 3 ans que nous travaillons avec les autorités locales, chef de région, chef de district, DREF, maires,VOI, !


Février 2015, nous sommes de retour à Ambositra pour 15 jours. Nous voyons à nouveau des fours à charbon du côté d’Andohariana et vers Ambafitoharana et de gros camions qui chargent et de l’autre côté de la route il ne reste que des lambeaux de forêt. Si cette année nous n’arrivons pas à stopper la coupe notre travail aura été inutile car il ne restera bientôt plus rien.  Comme nous protégeons maintenant la zone écotouristique efficacement la déforestation  continue de plus belle dans les autres secteurs. D’autres secteurs seraient d’après des dires complètement défrichés et occupés par la plantation de geraniums. Pourtant cette forêt est exceptionnelle j’en suis sûre. Des scientifiques sont passés pour voir les lémuriens et pensent qu’il y aurait une nouvelle espèce. Mais nous ne pourrons le savoir que dans 3 mois après les analyses ADN. J’ai moi-même observé des plantes particulières. Il faut dire que c’est la seule forêt de ce type à cette altitude donc elle ne peux être que particulière par rapport aux autres forêts malgaches.

Qui connait ces plantes? Ecrivez nous si vous les connaissez!




PROJETS :

En résumé nous avons deux programmes, un de développement éco-touristique et un de développement rural intégré. Pour l’ éco-touristique nous sommes maintenant dans la phase de concrétisation. Le nouveau bureau vient d’accueillir les premiers touristes pour la visite de la forêt, sa faune et sa flore surtout les lemuriens ainsi que pour le reboisement de la partie détruite. Nous avons déjà travaillé avec les agences de voyages malgaches afin qu'elles intègrent ce site dans leurs circuits. Reste à contacter les agences européennes.

Pour le développement rural le but recherché est d’acquérir une meilleure gestion de l’eau et d’aménagement du terrain en pente pour éviter l’érosion et récupérer l’eau de ruissellement afin de ne pas perdre les engrais, d’acquérir un meilleur rendement par l’agriculture biologique, d’éviter la dépendance semencière et de faire consommer et produire des céréales et des légumes. 

Nous avons de nouvelles semences, nous continuerons donc la distribution  par le biais des « journées de partage » qui impliquerons toujours les thèmes sur l’environnement et l’agriculture bio . Nous allons axer les prochaines « journées de partage » surtout sur le compostage afin de permettre un meilleur rendement pour les prochaines cultures, de préserver la région de l’utilisation d’engrais et de produits phytosanitaires  chimiques qui empoisonnent les terres et appauvrissent encore d’avantage le paysan et le sol.

Soutenir l’émergence des volontés de création d’associations de femmes dans les deux villages en faisant aussi de la broderie et de développer diverses formes  d'artisanat.

Organiser de grandes actions de plantations d'arbres avec la population et les écoliers.

Trouver de jeunes étudiants pour venir faire un inventaire de la faune et de la flore de ce qui reste de cette forêt.

Continuer à diffuser sur les ondes des programmes d’information sur l’environnement mais aussi sur la culture Bio.

Il faut développer la pépinière en place car maintenant il y a en permanence quelqu'un sur le site qui peux arroser les plants et permettre à ceux qui en font la demande de tenir des plants chez eux. Les pépinières pourrons aussi servir à des semis de plantes potagères. Il nous faudra acheter des sachets servants de pots de plantation, des jeunes plants de palissandre et des semences forestières.

Malgré toute la bonne volonté de certains acteurs pour faire cesser les activités destructrices, des gens nous ont signalé que le trafic continue mais à plus petite échelle et que des planches et des sacs de charbon sortent encore de la forêt. Il faudra du temps pour que les mentalités changent et que les alternatives se mettent en place.
Il nous faut encore trouver d’autres débouchés afin de donner aux populations environnantes le moyen d’autres revenus que le charbon de bois  et de leurs donner la possibilité de protéger cette forêt avec l’aide de de la Nature pouvant faire respecter l’ordre.

L’objectif est de reconstruire la grande partie de forêt détruite par le feu en 2011 mais aussi de planter des zones extérieures de la forêt naturelle avec des essences plus appropriées qui servirons plus tard à la fabrication de planches et de charbon de bois.

Nous projetons de répertorier les essences servant à la médecine locale et leurs utilisation pour créer un document qui servira a la vulgarisation et aux générations futures.



Les travaux de construction du bureau sont terminés. Il nous faudrait des fonds pour  payer le toit, le sol en ciment, le mobilier, les portes et volets, les toilettes et aménager les alentours. il serais bien de pouvoir y installer un panneau solaire car la région est sans électricité et d'installer un ordinateur au bureau et dans chaque commune. Il est aussi  nécessaire de fournir le bureau en livres pour permettre aux jeunes guides et pisteurs de se former.

Nous désirons implanter à proximité de la forêt un centre de  formation à l'agroécologie.


Quel sera leur avenir? Encore pire?
Association TANTELYGASY (miel malgache) régie par les articles 21 à 79-III du code civil français
Volume 89 Folio 157
1 Rue des Prés 68120 PFASTATT France
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 Si vous désirez devenir membre, le coût de la cotisation est de 20 € par  an , les dons sont libres à envoyer à l'adresse de l'association et au nom de l'Association Tantelygasy.
L’association vend de l’artisanat malgache, des huiles essentielles des tisanes et du miel bio et équitable (lychee, niaouli).
Nous organisons également des voyages personnalisés à Madagascar.

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